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Des scientifiques remettent en question les affirmations de Microsoft sur sa nouvelle puce quantique « Majorana 1 »,
« il n'y a aucune preuve concluante de la percée », affirment les physiciens

Le , par Mathis Lucas

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Des scientifiques remettent en question les affirmations de Microsoft sur sa nouvelle puce quantique « Majorana 1 »
« il n'y a aucune preuve concluante de la percée », affirment les physiciens

Microsoft a récemment revendiqué une percée dans le domaine de l'informatique quantique avec sa nouvelle puce « Majorana 1 ». L'entreprise affirme que cette puce pourrait un jour propulser un ordinateur quantique et lui permettrait de traiter des données à une vitesse exponentielle par rapport à ce qui est actuellement possible. Mais cette annonce a été accueillie avec beaucoup de scepticisme par les scientifiques. Les critiques affirment qu'il n'existe aucune preuve accessible au public que ce test a été mené avec succès. Et l'un des problèmes majeurs est que Microsoft a déjà fait des déclarations similaires par le passé, pour se rétracter par la suite.

Majorana 1 : les experts remettent en cause la percée revendiquée par Microsoft

Microsoft a déclaré que Majorana 1 permettrait d'accélérer la mise au point d'ordinateurs quantiques capables de résoudre des problèmes significatifs à l'échelle industrielle, en la faisant passer de plusieurs décennies à quelques années seulement. L'entreprise a déclaré avoir créé ce qu'elle appelle le « premier topoconducteur au monde », un tout nouveau type de matériau capable de contrôler les particules de Majorana afin de créer des qubits plus fiables.

Microsoft note : « Majorana 1 est la première puce conçue avec l'architecture Topological Core, un type de matériau révolutionnaire qui permet d'observer et de contrôler les particules de Majorana afin de produire des qubits plus fiables et plus évolutifs, qui sont les éléments constitutifs des ordinateurs quantiques ».

La firme de Redmond estime que les qubits topologiques pourraient permettre de relever l'un des plus grands défis de l'informatique quantique : les taux d'erreur élevés. Alors que les chercheurs se sont concentrés sur le développement de méthodes de correction des erreurs pour l'informatique, Microsoft a adopté une approche différente en essayant de créer des qubits intrinsèquement « plus robustes et naturellement résistants aux erreurs dès le départ ».


Les affirmations de l'entreprise ont été examinées de près par de nombreux experts dans ce domaine. Et plusieurs experts, dont le physicien théoricien John Preskill, ont déclaré que l'entreprise n'avait pas encore publié de données sur les performances sa puce Majorana 1 pour étayer ses affirmations. « Dans sa feuille de route, Microsoft a décrit un protocole pour démontrer un qubit topologiquement protégé », a écrit John Preskill dans un message sur X.

« Il n'y a aucune preuve publiquement disponible que ce test a été mené avec succès », a-t-il ajouté. Microsoft a publié une recherche le même jour dans la revue Nature. Mais selon les scientifiques qui ont examiné le travail de Microsoft, cet article ne fournit pas aucune preuve concluante de la percée.

En outre, les données présentées par Microsoft lors d'une réunion de scientifiques cette semaine pour appuyer la recherche étaient des données préliminaires et ne constituaient pas une preuve concluante que cette « avancée majeure » avait été réalisée, selon un physicien qui a assisté à la réunion.

De nombreux critiques affirment que Microsoft se livre à un battage médiatique

Selon Chetan Nayak, vice-président de Microsoft pour le matériel quantique et coauteur de l'article, l'article publié dans la revue scientifique Nature n'avait pas pour but de prouver l'existence des particules. Il a déclaré que les mesures incluses indiquaient qu'elles étaient « susceptibles à 95 % » d'indiquer une activité topologique. Il s'en tient aux résultats qu'il avait présentés lors de la réunion, et a déclaré que l'équipe publierait bientôt un autre article.

Les ordinateurs quantiques devraient être capables de traiter rapidement des données pour des applications telles que la découverte de nouveaux médicaments. Un bit quantique, ou qubit, est l'unité de stockage de l'informatique quantique. Il peut contenir plus d'informations qu'un bit, mais il est moins stable. Les particules de Majorana permettent de créer un qubit topologique, une unité qui est théoriquement plus stable que les autres types de qubits.

Les chercheurs de Microsoft sont à la recherche des particules de Majorana depuis plus d'une décennie. Pour exploiter la puissance de ces particules, décrites par Chetan Nayak dans l'annonce de Microsoft comme un « nouvel état de la matière », l'entreprise a créé une puce contenant huit de ces qubits.


Certains scientifiques estiment que l'annonce de Microsoft contient des affirmations majeures qui s'ajoutent à ce que montre l'article publié de Nature, sans que des données concrètes soient fournies pou étayer ces affirmations. « C'est là que l'on passe du domaine de la science à celui de la publicité », a déclaré Jay Sau, physicien théoricien de la matière condensée à l'université du Maryland, qui travaille parfois comme consultant pour Microsoft.

Toutefois, Jay Sau n'a pas été impliqué dans les nouveaux travaux. Jay Sau a assisté à la réunion de Santa Barbara, en Californie, au cours de laquelle Chetan Nayak a présenté ses données et a déclaré que les données préliminaires semblaient constituer une preuve prometteuse de l'existence d'un qubit topologique.

Selon Chetan Nayak lui-même, une analyse minutieuse des données est nécessaire. « Cette technologie particulière qu'ils poursuivent, aussi passionnante soit-elle, s'avère atrocement difficile à construire », a déclaré Stephen Bartlett, directeur du Nano Institute de l'université de Sydney.

Microsoft a déjà fait des déclarations similaires avant de se rétracter par la suite

Selon les experts, le scepticisme de la communauté est justifié. « Les scientifiques réagissent à l'annonce de Microsoft avec prudence, en partie parce que la recherche de qubits topologiques et des particules de Majorana qui les sous-tendent a déjà fait l'objet de déclarations audacieuses qui ont ensuite été retirées », affirme Vlad Pribiag, physicien spécialiste des dispositifs quantiques à l'université du Minnesota, qui n'a pas été impliqué dans les travaux.

En 2018, Microsoft a affirmé avoir créé des modes zéro de Majorana, un élément constitutif des qubits topologiques, mais s'est rétracté par la suite. « Il est certain que cette histoire rend certains experts prudents quant à cette nouvelle affirmation », a déclaré Scott Joel Aaronson, expert en informatique quantique.

Scott Aaronson a déclaré que lorsqu'il a interrogé Chetan Nayak, de Microsoft, sur le scepticisme qui règne dans la communauté, ce dernier aurait répondu : « écoutez, nous avons maintenant un qubit topologique qui se comporte entièrement comme un qubit ; qu'est-ce que les gens veulent de plus ? ».


D'autres se sont demandé si Microsoft avait réellement construit un qubit topologique. Selon Jason Alicea, professeur de physique théorique à l'Institut de technologie de Californie, « si un qubit topologique est possible en principe et s'il s'agit d'un objectif louable, il doit être vérifié ».

Jonathan Oppenheim, professeur de physique à l'University College London (UCL), a souligné ce qu'il considère comme des lacunes entre le document de recherche et l'annonce de Microsoft. « Il y a un énorme décalage entre l'article scientifique et les déclarations publiques de Microsoft, mais le plus évident est qu'ils n'ont pas montré qu'ils avaient un qubit topologique. Les rédacteurs ont même pris la rare initiative de le souligner », a déclaré le professeur.

Sergey Frolov, professeur de physique à l'université de Pittsburgh, affirme que l'annonce de Microsoft repose sur des bases non prouvées. « La physique n'a pas été établie par les scientifiques et la littérature de recherche. Des affirmations ont été faites, mais la physique reste controversée », a déclaré Sergey Frolov.

La course des Big Tech à l'informatique quantique et le battage médiatique

L'informatique quantique recèle un immense potentiel dans divers secteurs, notamment la découverte de médicaments, l'analyse des risques financiers, l'optimisation de la logistique... D'autres Big Tech, dont Google et IBM, travaillent également sur l'informatique quantique, mais l'approche de Microsoft est sensiblement différente de celle de ses concurrents. Mais leurs affirmations sont régulièrement mises en cause par les physiciens théoriciens et autres.

En décembre 2024, Google a fait une déclaration surprenante : la société a déclaré que sa nouvelle puce quantique Willow confirme l'existence d'univers parallèles. Google suggère ainsi que sa puce quantique pourrait puiser dans des univers parallèles pour obtenir ses résultats. Cela a relancé les discussions au sein de la communauté scientifique sur la possibilité d'univers parallèles. Les scientifiques affirment toutefois que cette affirmation est spéculative.

« Google affirme avoir effectué un calcul sur une puce de 100 qubits, beaucoup plus rapidement qu'un (super)ordinateur conventionnel. Le calcul en question consiste à produire une distribution aléatoire. Le résultat de ce calcul n'a aucune utilité pratique », a déclaré Sabine Hossenfelder, physicienne allemande.



Sabine Hossenfelder a rappelé les revendications de Google concernant la suprématie quantique en 2019. L'affirmation de Google a en effet été contestée par IBM, qui a ensuite démontré qu'un ordinateur conventionnel pouvait effectuer la même tâche dans des conditions spécifiques. Certains scientifiques mettent en garde contre les affirmations audacieuses sans preuves concrètes, qui pourraient nuire à la crédibilité de l'industrie dans son ensemble.

« Ce type d'annonces n'aide pas, il nuit. L'industrie de l'informatique quantique fait déjà l'objet d'un examen minutieux périodique, avec des questions sur les délais et l'utilité », affirme Sergey Frolov. Notons que l'annonce de Microsoft a été accueillie avec enthousiasme par d'autres entreprises du secteur.

« Il s'agit véritablement d'une avancée pour l'industrie : la construction d'une puce personnalisée qui utilise des qubits topologiques que beaucoup considèrent comme extrêmement utiles pour passer à des ordinateurs quantiques puissants », a déclaré Markus Pflitsch, fondateur et PDG de Terra Quantum.

Sources : billet de blogue, Microsoft (1, 2), article de recherche

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